mardi 21 octobre 2008

LE MUSÉE EDITH PIAF : 1M47 DANS UN DEUX PIÈCES !



























Depuis plus de 40 ans, Bernard Marchois, à travers l’Association des Amis d’Edith Piaf fait revivre la Môme dans un deux pièces. Une légende à l’étroit mais dont on doit les souvenirs à la ferveur d’un passionné. 

Le Musée Edith Piaf est l’œuvre d’un passionné qui, depuis plus de 40 ans, espère toujours voir aboutir un jour le projet de la création d’un Musée de la Chanson Française. « Je trouve aberrant, explique Bernard Marchois, que ce genre de musée existe ailleurs et pas en France. Il permettrait, entre autre, de présenter tous les souvenirs que l’Association des Amis d’Edith Piaf, qui compte 6000 adhérents répartis dans le monde, a pu rassembler après la disparition de l’artiste en 1963. » Et Bernard Marchois sait de quoi il parle. C’est lui qui, en 1967, avec le soutien d’une partie de la famille d’Edith Piaf, a créé la structure associative : « J’avais peur qu’Edith Piaf meurt une deuxième fois car, déjà, on commençait à moins parler d’elle, elle n’était pas la seule dans ce cas mais je trouvais ça injuste. » Et c’est lui aussi qui, en 1977, a transformé deux pièces de son appartement en musée pour exposer tous les effets personnels et souvenirs d’Edith Piaf collectés au fil des années. « Cette quête est permanente, il existe encore beaucoup de choses que nous n’avons pas retrouvées mais 30 ans de souvenirs, ça fait un énorme volume que je ne suis pas en mesure, malheureusement, de pouvoir présenter ici au public. » Entreposés à l’abri des convoitises et en sécurité, certaines tranches de vie ou instants de l’artiste attendent leur heure de gloire dans l’ombre d’une légende qui, en pleine lumière, a tout donné à son public au point de mettre plusieurs fois sa santé en danger et de perdre l’équilibre sur scène qu’elle quittait emportée sur une civière. Bernard Marchois a dû faire le tri et choisir, dans l’essentiel, l’anecdotique d’une vie jalonnée de rencontres, de voyages, de succès, d’amours célèbres et malheureuses. Dans ce fabuleux capharnaüm où l’on vient du monde entier, mais uniquement sur rendez-vous, une silhouette grandeur nature d’Edith Piaf donne la mesure de son talent : 1m47. A côté, un énorme ours en peluche d’1m50, offert par Théo Sarapo, le dernier homme de sa vie, tente de rivaliser de générosité. Pêle-mêle dans les deux pièces, on découvre aussi des affiches, des bustes, des sculptures, des photographies, des peintures dont une signée de Charles Kiffer, à l'époque où Edith Piaf était encore « la Môme Piaf », des correspondances, le plan de l’appartement qu’elle a occupé boulevard Lannes, dans le 16ème arrondissement de Paris, des vinyles, des disques d’or, son sac à main, ses gants, les gants de boxe de Marcel Cerdan, son grand amour disparu tragiquement dans un accident d’avion et qui la plongera dans une longue dépression. Mais, dans ce génial enchevêtrement de morceaux choisis d’une voix de légende, la célèbre petite robe noire de scène de la chanteuse reprend vie sur un mannequin de couturière avec, autour du cou, la petite croix en or dont elle ne se séparait jamais. Dans ce tourbillon de souvenirs, les chansons d’Edith Piaf sont diffusées en boucle jusqu’à en donner le frisson. Ca vous prend là, à la gorge, au ventre, on a l’impression qu’elle va surgir d’un instant à l’autre dans l’une des deux pièces et que, les mains bien calées sur ses hanches, elle va chanter rien que pour vous. Bernard Marchois prend aussi le temps avec le visiteur qui le lui demande de raconter Piaf qu’il a connue en 1958. « Un jour, j’ai accompagné des amis de mes parents qui allaient lui rendre visite boulevard Lannes. Je ne savais pas qui elle était et moi, côté musique, j’étais fan du groupe anglais les Teddy Boys. On nous a fait patienter dans un grand salon où déjà une vingtaine d’invités attendaient. J’ai vu d’un seul coup apparaître une petite bonne femme, portant du gras sur les lèvres, vêtue d’un peignoir et un loup remonté sur son front indiquait qu’elle venait de se lever. Elle a salué tout le monde, moi, je me tenais en retrait et je me suis dit « c’est ça Edith Piaf, la grande chanteuse dont mes parents me parlent sans cesse ». Elle a disparu de la pièce et quand elle est revenue habillée et maquillée, elle s’est approchée du piano pour répéter car le soir même elle donnait un récital à l’Olympia. Elle s’est plantée devant moi, les mains sur les hanches et elle a chanté sans me quitter du regard. J’ai été totalement paralysé par sa voix. Avant de nous laisser repartir, elle s’est adressée à moi et m’a dit « Hé, toi, grand couillon veux-tu venir ce soir à l’Olympia? » J’y suis allé et pas seulement ce soir-là mais tous les autres soirs et pendant trois mois ! C’était devenu comme une drogue. » Le 11 octobre 1963, « le moineau Piaf » s’est envolé pour toujours et chaque anniversaire de sa disparition est caution à événement. Le fond photographique de 7 000 clichés constitué par le musée est alors régulièrement sollicité. Heureux auteur de « Piaf emportée par la foule », publié en 1993 et récompensé par plusieurs prix, Bernard Marchois n’a de cesse d’entretenir le souvenir de la Môme dont la vie et les chansons donnent naissance à de nombreux spectacles sans oublier les places et autre rues qu’on lui dédie. Plus symbolique sera l’inauguration, en décembre prochain, d’une place Edith Piaf à Plascassier, commune de Grasse où la petite femme en noire s’est éteinte le même jour que son ami Jean Cocteau. C’est sûr, cette Môme là n’en finit pas de nous faire tourner la tête…
Sophie Pajot

Musée Edith Piaf, Paris 11ème. Visite uniquement sur rendez-vous du lundi au mercredi, de 13h à 18h. Entrée libre. Tel : 01 43 55 52 72 

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